Le terroir, mythe ou réalité ?

Le terroir, mythe ou réalité ?

Aux détours d’une dégustation, d’une visite chez un vigneron ou d’un conseil délivré par votre caviste, se trouve toujours un mot utilisé lors de la discussion : le terroir. Il fait la fierté des français, de notre patrimoine viticole, de ses acteurs et de nos terres. D’ailleurs, ce mot est valable pour d’autres cultures mais c’est le vin qui l’a rendu célèbre et il ne compte pas partager sa gloire avec des carottes ou des fraises… Tellement d’articles, de livres et de définitions lui ont été donnés, mais toujours est-il que si vous interrogez les français sur son sujet, aucun ne saura vraiment le définir. Disons que c’est normal, car le terroir n’a même pas de traduction dans d’autres langues et il dépend de tellement de paramètres. Dansmabouteille.com a choisi de prendre position et d’offrir sa version des faits. Qu’est-ce que le terroir, et, est-ce un mythe ou une réalité ? Nous vous laisserons juger !

 

Le terroir, une définition classique

Le terroir est un combinaison d’éléments et de facteurs qui cohabitent ensembles pour créer une identité, celle d’un lieu précis.

Les professionnels évoquent essentiellement deux paramètres, le climat (tempéré, méditerranée ou océanique) associé à un type de sol (argilo-calcaire, schiste) sur une parcelle ou un lieu-dit mais en réalité, la définition du terroir va bien plus loin. Car en effet, il ne s’arrête pas qu’à ces éléments et de nombreux facteurs sont à prendre en compte et tous permettent de donner un style et un goût au vin élaboré. Afin d’être le plus exhaustif possible, nous les avons listés et classés par catégories, physique, végétale et humaine.

  • La physique du lieu : zone géographique, topographie, exposition, climat, sol.
  • Le végétale au sens large : cépages, cultures associées, enherbement, adventices.
  • Influences humaines : traditions, savoir-faire (taille, gestion de la vigne), usages et coutumes, cahier des charges d’une appellation.

Pour bien cerner ces différentes catégories d’éléments qui rentrent dans la composition d’un terroir, nous vous proposons deux exemples, deux opposés, bref, deux domaines. 

Le premier, le domaine des Maravilhas. Domaine situé dans le Gard et dans le vignoble sud de la vallée du Rhône, entre Avignon et Nîmes et le deuxième, le domaine de Bellivière, niché en plein cœur de la vallée de la Loire et au nord de Tours. Seul point commun entre ces deux domaines, la pratique de la biodynamie mais pour le reste…. Que des différences ! Climat méditerranéen, sol de galets roulets, cépages grenache-mourvèdre et taille gobelet pour les Maravilhas alors qu’au nord, au domaine de Bellivière, c’est un climat océanique, un sol de craie et de tuffeau et le cépage chenin qui sont les composantes du terroir. 

Saveurs et styles de vins bien différents, mais tous des vins de terroir car en plus de cela, les deux domaines s’intéressent aussi à la vie des sols….

 

Pour aller plus loin…

Si tous ces éléments influencent évidemment le style d’un vin, c’est en réalité la qualité et la vie du sol, plus précisément son humus, qui sera décisif et déterminant dans la qualité et la quantité des saveurs d’un millésime. Car ce sont les éléments minéraux et autres oligoéléments (calcium, azote, magnésium etc…) qui offrent les nutriments nécessaires à la plante et plus de 90 % d’entre eux proviennent du sol.

Alors si le climat, avec la lumière et la chaleur, apportent le poids (matière sèche à une plante), c’est bel et bien le sol qui apporte lui, les nutriments nécessaires à son fonctionnement. C’est aussi dans ce dernier, et sur la plante, qu’une partie des micro-organismes comme les levures se développent. Rappel : la levure étant indispensable pour la fermentation du jus de raisin en vin.

Nous ne pouvions terminer ce chapitre sans parler d’un dernier élément, si important dans la notion même de terroir, viticole ou pas : La mycorhize. Cette symbiose entre la plante et les champignons via les racines, formant un gigantesque réseau d’entraide dans les profondeurs, et permettent à la plante de se nourrir des éléments minéraux que lui offrent les champignons, en échange de sucres (exsudats) qu’elle capte via la photosynthèse. Sans mycorhize, il n’y a pas d’humus de qualité pour nourrir la plante, qui elle offrira de bonnes conditions pour son fruit.

 

Les vins de terroirs

Il n’existe pas une vigneronne ou un vigneron, qui ne vous présentera pas ses cuvées comme étant des vins authentiques et de terroir. Et là aussi, nous aurions pu mettre une réponse toute faite, qui voudrait dire qu’un vin de terroir est un vin d’appellation, avec des raisins cultivés sur une zone géographique précise, vinifiés avec une méthode locale et mise en bouteille dans l’aire d’appellation. Mais nous devons aller plus loin que cela. Car un vin de terroir est un vin dont les vignes sont cultivées sur des sols ou la nature et la faune et flore sont respectés. Un vin de terroir serait un vin dont la culture du raisin n’inhibe pas les qualités du sol. 

Laissez un sol s’épanouir consiste à permettre à la vigne d’aller puiser en profondeur, les éléments, les nutriments et les minéraux pour que ses raisins soient le plus chargés possibles de saveurs. Un vin de terroir est donc plus compliqué qu’il n’y parait…

 

Des vins plus de terroir que d’autres ?

C’est une question que de nombreux amateurs se posent. Est-ce qu’il y a des vins qui reflètent davantage le terroir que d’autres ? à y réfléchir, bien-sûr que oui. Il y a des méthodes de culture viticole et des façons de faire le vin qui diluent « l’effet terroir », qui diminuent la qualité de l’humus et donc le goût du fruit, du cépage et de la terre.

Est-ce que désherber chimiquement permet de faire des vins de terroir ? Au-delà de la partie philosophique et logique, celle de cultiver avec l’aide des molécules de synthèse, utiliser ce genre de produit de confort détruit et diminue une partie de la faune et flore de surface, celle qui nourrira l’humus en quantité et qualité. Et rappelez-vous, que cet humus est indispensable pour la plante et pour ses fruits qui ces derniers offriront les meilleurs conditions à une élaboration du vin. 

Au chai, nous pourrons avoir le même constat : est-ce que les dizaines de procédés et additifs œnologiques utilisés ne dilueraient pas l’effet terroir des vins ? Est-ce que filtrer n’enlèverez pas un peu de matière et donc de terroir dans les vins ? Est-ce que marquer le vin de la saveur boisée d’un fût en bois neuf n’enlèverait pas un peu de terroir ? Mesdames et messieurs, à vous de juger…